/*My Rising Sun*\ [Pv]

Comme chaque nuits depuis quelques années, Yuu n’avait eut que quelques heures pour dormir. Bien que son boulot d’enseignant ne commençait que dans l’après midi, le jeune homme s’était fixé une heure stricte de réveil. Tout dans sa vie était parfaitement coordonné pour ne jamais lui laisser le temps de s’ennuyer ou sombrer un peu plus dans ses pensées. Malgré le fait qu’il était constamment en activité ou qu’il avait quelque chose à faire ou regarder, Yuu n’arrivait pas à ce que son esprit suive. Il avait beau se répéter qu’il ne devait pas y penser, tenter de s’occuper à autre chose mais sans cesse le visage souriant de son grand frère disparu lui revenait en tête. Tout semblait si vrai mais n’était qu’une désagréable illusion. Que ça soit cette chaleur qu’il ressentait, ce beau sourire qui naissait sur ses lèvres ou encore la sensation de paix qui envahissait son cœur à une telle vision…Terrible et meurtrière tentation…

N’étais ce pas ce qu’il désirait en fin de compte? Mourir…S’en aller de cette vie qui n’avait rien à lui offrir de plus qu’une souffrance continuelle. Bien sûr que oui, il désirait ça plus que tout au monde. Le remord, la tristesse et l’ennui rongeaient son âme depuis trop longtemps maintenant pour qu’il puisse désirer le retour de cet être qui avait tout été pour lui. Un grand frère, un père, un maître et un modèle. L’être parfait, l’ange qui veillait sur lui et sans qui il n’était strictement rien…Un vulgaire grain de poussière insignifiant, voilà ce qu’il était devenu après la disparition de son aîné. Rien de plus qu’un stupide morveux en pleine crise existentiel qui a pour seul but de faire chier son monde…Phrase type que répétait en boucles professeurs, camarades de classes, amants rejetés et élèves refoulés sans oublier sa mère.

Bien sûr qu’il était en pleine crise existentielle! Qui ne le serrais pas après avoir vu son frère mourir sous ses yeux à cause de votre existence. Sans lui Tanjiro aurait eut un sublime avenir devant lui: un diplôme, un travail de médecin dans un hôpital de renom, une femme, des enfants…La vie rêvée de tous mais…Il avait fallut que l’éternelle insatisfaction de ses parents intervienne pour briser cet avenir. Pourquoi était il né sinon gâcher les chances de réussites de son frère?
Yuu…Ou encore exceller…Tu parles d’un prénom pour un gosse! Avec ça il était vraiment mal partit! Le pauvre garçon n’avait pas d’autre choix que d’être géni. Par chance c’était bien ce que la nature lui avait accordé. Un petit surdoué de plus dans la famille mais qui n’avait pas comme espéré l’attention de ses parents. La barre était bien trop haute pour un enfant de tout juste cinq ans…A peine s’il pouvait comprendre les attentes qu’avaient ses parents.

Quoi qu’il en soit, il n’avait plus tellement à s’en soucier à présent, la vie avait fait de lui ce qu’il était: une coquille vide. Yuu était comparable à ces beaux bateaux tout neufs qu’on utilise pour partir à la conquête de l’océan mais qui, dès la première tempête, perdent de toute leur splendeur et finisse par devenir un vieux rafiot n’ayant que leur apparence encore potable pour ressembler à un bateau. Yuu s’efforçait de paraître présentable. Répéter les même mouvements chaque matin et chaque soir mais pour des raisons différentes…Il ne fallait pas confondre les deux. Se rendre à ses cours en tenue et maquillé comme le prostitué qu’il était la nuit ne ferrait vraiment pas effet. Yuu en était capable mais il tenait trop à son boulot pour risque de le perdre aussi stupidement. Oh bien sûr il n’y avait rien de passionnel là dedans…Non, bien sûr que non voyons. Tout ce qu’il avait fait jusqu’à présent servait uniquement à payer sa drogue, ses clopes, ses bouteilles et son logement.

Pitoyable? Si vous le dites…Désespérant? Oui mais il s’en fichait comme de l’an quarante. Qu’on le trouve abrutis, bon à rien et autre l’importait peu. Du moment qu’il pouvait se piquer une fois par jour, sniffer, fumer ses quatre clopes toutes les deux heures et se saouler le soir venu histoire de ravaler sa fierté et aller se faire prendre au bordel par le premier venu, alors ça lui convenait parfaitement. Il avait peut-être pire comme vie, sûrement même mais Yuu s’en fichait longuement. C’était son enfer à lui et personne ne lui ferrait dire que comparé à un autre il souffrait moins. Tête de mule antipathique et mélancolique qui ne supportait pas avoir tort…Surtout quand la vérité sortait de la bouche des autres. Il avait beau le savoir il ne voulait l’entendre. Comme une vérité trop lourde pour ses épaules déjà surchargées, il s’escrimait à la repousser encore et encore…Toujours plus pour ne jamais en voir la taille. A ses yeux, des choses aussi insignifiantes qu’avoir tort n’étaient que la partie visible de l’iceberg…Lui qui se faisait toujours une montagne de tout rejetait en fin de compte ce qui semblait l’agresser.

Mieux valait ne plus y penser maintenant…Il était déjà cinq heures et quart du matin et Yuu devait absolument se lever et s’habiller dans les dix minutes qui allaient suivrent ou il louperait une de ses activités favorites de la journée: le levé du soleil. Il n’y avait pas plus beau spectacle à ses yeux, à part évidement le couché du soleil qui égalait mais se lever à l’aube et voir doucement la nature se réveiller c’était magique. Un des rares moments qui faisait retrouver à Yuu son sourire enfantin…Un vrai sourire…Bien qu’il n’avait nullement prit l’habitude d’afficher de faux sourire, il était si rare de le voir en afficher un qu’on savait pertinemment qu’il n’avait rien de calculé ou fictif.
Il n’était nullement dans les habitudes de Yuu de se forcer à faire une chose qui ne lui plaisait pas ou dont il n’avait pas envie, mis à part s’occuper. S’il l’aurait put, le jeune homme mélancolique aurait passé le reste de sa vie allongé sur son triste lit dans cet appartement vide de toute vie. Mieux vaut être seul que mal accompagné…Pas faux mais lui était à la fois seul et mal accompagné. Seul dans ses brefs moments où il avait deux minutes pour souffler et mal accompagné de nuit…Offrir son corps au plus offrant, qu’y avait il de plus dégradant? Très franchement il n’en savait rien et ne préférait pas y réfléchir.

Avec de longs gestes d’une lenteur élégante, Yuu s’extirpa de ses draps dans le plus simple appareil. Il avait prit de dormir entièrement nu, l’idée de garder sur lui l’odeur de ses clients et ses vêtements de prostitués lui était bien trop insupportable. Toujours aussi las dans chacun de ses mouvements il ouvrit son armoire et se vêtit d’un simple costard noir et veste blanche, sa tenue habituelle de professeur. Pas trop formel et plus ou moins élégant, ce qui lui changeait grandement de ses accoutrements de prostitué ou encore de sa façon habituelle de se vêtir. Très franchement ça lui était égal, des habits restaient des habits. Oui ça le mettait en valeur ou pas mais à présent ça n’avait plus aucun importance…Encore à l’époque où il jouait dans son groupe c’était plus ou moins influant mais maintenant…Quel pouvait bien être l’intérêt?

Une fois vêtu, sa guitare dans son étui, la lanière passée autour du bras il quitta le petit appartement si vide et triste…Le reflet de lui-même…Désespérant…Enfin…Il ne pouvait que faire avec. Ce n’était pas si important que ça après tout alors à quoi bon s’en soucier autant.
Comme chaque matin en quittant son appartement, Yuu se retrouva seul. Ses pas résonnants dans les petites ruelles de la capitale encore endormit. Seuls quelques matinaux croisaient le chemin du jeune homme tellement plongé dans ses pensées bien sombres qu’il ne les remarquait pas. Uniquement préoccupé par lui-même, il se contentait de faire ce qu’il avait prévu sans faire attention au reste, pourquoi s’embêter avec les choses inutiles après tout?! C’est dans cet état d’esprit de complet je m’en foutisme comme d’habitude qu’il arriva au lycée. Le meilleur endroit pour admirer le levé du soleil…Depuis son adolescence il avait prit cette habitude, venir plus tôt que tout le monde et rester plus tard pour admirer le spectacle dans un silence religieux. Il priait? Peut-être…Qui sait? Même lui ne s’en rendait pas compte…
Installé sur le sol, les pieds pendant dans le vide et sa guitare posée à ses côtés il regardait sans un mot l’horizon qui commençait à doucement rougir sous l’arrivée imminente de la boule lumineuse qui ne réchauffait plus son cœur depuis bien des années malgré le fait que son spectacle quotidien l’émouvait toujours jusqu’aux larmes…